Connaissez-vous l’histoire du célèbre chapeau Panama ?
J’ai découvert que le chapeau Panama était originaire de l‘Equateur et suis allée à Cuenca visiter une entreprise où il est toujours fabriqué. Il existe depuis le 16ème siècle et est connu dans le monde entier pour sa qualité et son style !
Peu de personnes connaissent réellement son origine, son histoire et comment le nom d’un chapeau traditionnel équatorien s’est retrouvé devenir l’emblème d’un pays voisin, le Panama…
C’est à cette époque-là que les conquistadors espagnols ont débarqué sur la côte équatorienne. Ils remarquèrent alors que les travailleurs locaux portaient de grands chapeaux de paille qui leur couvraient les oreilles et le cou.
Ce type de chapeaux appelés « tocas » en Espagne était devenu « toquillas » pour ces couvre-chefs locaux qui étaient plus petits. La paille qui servait à la fabrication de ces chapeaux provenait d’un palmier qui ne grandit en abondance que sur la côte équatorienne, et qui, par assimilation, a été appelé la paille « toquilla ».
Très rapidement, les espagnols ont adopté ces chapeaux et décidèrent de les faire fabriquer dans la ville de Montecristi, d’où l’appellation de certains chapeaux, toujours considérés comme les meilleurs, car tressés avec la paille la plus fine.
Un “Montecristi” peut valoir jusqu’à 2 000 euros !
Petit à petit, la popularité grandissante du chapeau s’est propagée jusqu’à la noblesse espagnole, et en peu de temps le roi d’Espagne en commanda pour les offrir à son épouse.
En 1835, peu après la fin de la domination espagnole, un entrepreneur nommé Manuel Alfaro s’installa à Montecristi pour y établir son atelier de production de chapeaux avec ses propres plantations de palmiers pour la paille. La main d’œuvre locale était engagée pour ses compétences à travailler cette paille.
L’entreprise de Montecristi exporta rapidement ses chapeaux vers le Panama qui était alors une plateforme économique et ouvrit des comptoirs sur place.
Ses chapeaux commencèrent à attirer l’attention du public étranger sur place, qui fit rapidement un amalgame avec le pays de vente, et ce produit entièrement équatorien fut à jamais associé au nom du Panama.
1836 : création du chapeau Panama
C’est alors qu’en 1836 la ville de Cuenca créa un chapeau Panama qui s’est différencié du Montecristi par sa paille blanchie plus épaisse, permettant un tissage bien plus rapide.
En peu de temps le pari économique fut remporté et l’industrie du chapeau devint l’une des plus importantes pour Cuenca.
Plus tard, à l’aube de la ruée vers l’or en 1848, un très grand nombre d’hommes et de femmes émigrèrent vers la Californie. Le trajet le plus efficace à l’époque était de couper par l’isthme de Panama. Au passage, la chaleur aidant, les voyageurs achetaient le chapeau Panama en masse et louaient ses mérites une fois arrivés à bon port.
En 1855, un citoyen français résidant à l’époque à Panama, exhiba pour la première fois en Europe le fameux couvre-chef lors de l’Exposition Universelle de Paris.
Le pays d’Equateur ne faisant pas partie de la liste des participants, les chapeaux furent rapidement baptisés « chapeaux Panama ». L’engouement fut rapide et il entra rapidement dans la mode parisienne jusqu’à être porté par Napoléon III. L’empereur en devint un ambassadeur de choix, et répandit la mode à travers l’Europe. En Grande Bretagne, le prince de Galles et futur roi, Edward VII fut lui aussi pris d’un engouement pour le Panama.
La gloire au début des années 1900…
L’Equateur s’ouvrit alors à de nouveaux marchés comme l’Amérique du Sud, les Caraïbes et en particulier Cuba où les chapeaux sont vraiment indispensables pour les travailleurs des plantations de sucre ou de tabac.
A cette époque-là également, le gouvernement américain commanda 50 000 chapeaux afin d’aider ses troupes à combattre les espagnols sous le soleil intense des Caraïbes.
Puis, en 1906, durant la construction du canal de Panama, un grand nombre de chapeaux fut attribué aux maçons et ingénieurs américains.
La popularité du chapeau Panama augmenta encore d’un cran quand une photo du président Roosevelt fut prise alors qu’il le portait au cours d’une visite officielle du chantier. La presse du monde entier avait alors reproduit le cliché.
Même en Turquie, en 1925, les lois de modernisation du pays interdirent le port du fez traditionnel et ordonnèrent à la place le port du chapeau panama.
Enfin, c’est en 1944 que l’exportation du panama connut son âge d’or avec l’engouement des stars internationales qui ont commencé à arborer le fameux couvre-chef dans toutes les circonstances.
En conclusion, le chapeau Panama se porte bien, mais on peut facilement imaginer que ce soit rageant pour l’Équateur que ces chapeaux connus dans le monde entier portent le nom du pays voisin !
merci pour votre partage de ce trésor d’information, je ne connaissais rien a cette histoire et ai été heureuse de lire ceci !
Très heureuse de vous avoir fait découvrir l’histoire du fameux (et mal nommé) « chapeau de Panama ».
J’ai découvert de mon côté à l’occasion de votre commentaire le « potager de kergistalen ». Bravo pour cette initiative de ferme bio ! Je suis bretonne (du Finistère) et adhérente du mouvement Slow Food. Alors, forcément intéressée par votre démarche… 🙂