J’ai eu la chance de rencontrer des familles Masaï dans leur village
C’est grâce à un garde du lodge où je séjournais,« L’Oremiti lodge » que cette rencontre a pu avoir lieu. Pour info, l’oremiti est le nom d’un arbre dont les Masaï utilisent les branches pour se nettoyer les dents…
Mais, revenons à cette rencontre imprévue… J’étais la seule cliente du lodge et n’étais pas franchement rassurée de me rendre seule après le dîner dans mon bungalow situé en pleine brousse, très isolé et éloigné de la réception. Après avoir évoqué mes craintes auprès du personnel du lodge, la direction m’a gentiment attribué un garde Masaï « privé » qui m’accompagnait jusqu’à ma chambre après le dîner et veillait toute la nuit devant. Il était chargé de me protéger de toute intrusion animale ou humaine, mais en voyant sa longue silhouette avec sa lance à la main à travers les rideaux de ma chambre, je n’étais quand même qu’à moitié rassurée !
La présence des Masaï sur le site faisait partie du contrat passé avec la direction de l’hôtel… Le lodge a été construit sur des terres Masaï et, en contrepartie, les hommes Masaï y travaillent et en assurent la sécurité.
A la fin de mon séjour, j’ai demandé au garde qui veillait sur moi de me faire visiter son boma (village). Deux heures de marche plus tard dans la savane et les épines des buissons d’acacia plantés dans mes pieds (très mauvaise idée d’avoir mis des sandales…), j’arrive enfin au « boma » de mon guide.
Visite du « boma », le village de huttes des Masaï
Je découvre alors le boma avec ses huttes rondes et basses, appelées inkajijik qui sont fabriquées à l’aide de branches entrecroisées et recouvertes de boue et de bouse de vache.
L’un des hommes m’invite à entrer sa maison. Les habitations sont construites en cercle dans le village dont l’accès est protégé par une barrière d’acacias aux branches épineuses pour éviter les intrusions de prédateurs, notamment les lions. Cela me semble bien peu pour empêcher des lions d’entrer… mais, il paraît que c’est efficace !
Les huttes sont construites autour d’une pièce principale où se trouve le feu qui permet de cuire les aliments, éclairer le soir et chauffer quand il fait froid. Cette pièce unique, sans fenêtre, particulièrement enfumée est le lieu de vie où la famille mange.
Elle est percée de deux pièces étroites creusées à un mètre de hauteur, en terre battue, recouvertes de peaux de vaches, où dorment les parents dans l’une, et les enfants dans l’autre. Une autre pièce à côté abrite les jeunes animaux.
C’est minuscule, sombre et enfumé. La fumée me pique tellement les yeux qu’il m’est difficile de rester à l’intérieur. La société masaï est polygame et les hommes ont généralement plusieurs épouses (jusqu’à 5 femmes) qui cohabitent dans le même village mais ont chacune leur maison.
Moment de complicité avec une jeune femme masaï
Devant l’une des huttes, une jeune femme me sourit et veut manifestement communiquer avec moi. Nous ne parlons pas le même langage, mais nous nous comprenons à travers nos regards. Mon garde masaï est anglophone et nous sert de traducteur. Elle s’étonne de voir une femme occidentale seule dans le bush tanzanien. Elle a exactement l’âge de ma fille et quand je lui dis que je pourrais être sa mère et que je suis la mamie de deux petits-enfants de 10 ans et 8 ans, elle ne le croit pas.
Je lui montre alors une photo de ma fille avec mon gendre et mes deux petits-enfants. La photo circule entre les mains des femmes et suscite des éclats de rire et des commentaires.
Elle les trouve beaux et est étonnée par les yeux clairs et les cheveux longs et blonds de ma fille. La jeune femme m’emmène alors dans la partie du village où les femmes créent leurs bijoux, entourées de leurs jeunes enfants.
Je leur achète des bijoux et veut les leur payer directement. Elles refusent en me disant que je dois donner l’argent aux hommes. Cela « contrarie » ma sensibilité féministe 😊 et je leur explique en souriant que dans mon pays, les femmes qui travaillent gagnent leur propre argent.
Là aussi, elles ne me croient pas…
Je rejoins donc les hommes qui font les comptes et encaissent l’argent. Ils me demandent aussi de poser avec eux pour une photo, ce que je fais avec plaisir !
Une journée dans un boma Masaï
Dans la journée, chacun vaque à ses occupations… Les enfants gardent les troupeaux de vaches ou d’ânes dans la savane. Il existe des écoles nomades, mais la plupart des parents ne souhaitent pas que leurs enfants reçoivent l’éducation du gouvernement tanzanien. Ils souhaitent que leurs enfants soient élevés selon les traditions et la culture masaï.
Mon traducteur m’explique que les enfants qui fréquentaient l’école, demandaient à leurs mères des « pancakes » et du « ketchup »… Une mondialisation de l’alimentation impossible à entendre pour les Masaï (et pour bien d’autres…) qui ne se nourrissent que de plantes médicinales, de lait et de sang qu’ils prélèvent en tirant une flèche dans la veine jugulaire de l’animal (sans le tuer) et quelquefois de viande de buffle.
Toute l’organisation sociale des Masaï est organisée autour du bétail. Leur richesse est déterminée par le nombre de vaches qu’ils possèdent. Mon traducteur m’avoue ne pas avoir suffisamment de vaches pour demander une femme en mariage aux parents de celle-ci.
Passage à l’âge adulte des jeunes garçons et des jeunes filles
Le rite principal pour les jeunes garçons est celui de la circoncision vers l’âge de quinze ans. les jeunes garçons deviennent à ce moment-là des « moranes », c’est à dire des jeunes guerriers qui parcourent en groupe la savane, maquillés de blanc et doivent vivre en totale autonomie pendant trois mois. Ils doivent faire preuve de courage et l’on dit que chaque jeune doit tuer un lion au cours de sa période « guerrière » initiatique…
Les jeunes « moranes » accourent désormais lorsqu’ils voient passer une voiture de touristes pour leur demander de l’argent. Le gouvernement tanzanien interdit aux guides de s’arrêter, sous peine d’amendes, de façon à ne pas encourager cette forme de « mendicité ». La photo ci-dessous, prise de la voiture n’est pas d’une grande qualité, mais donne une idée de la vie de ces jeunes gens durant trois mois.
Quant aux jeunes filles, elles sont excisées entre l’âge de 12 à 14 ans.
À ce moment-là, elles deviennent adultes et doivent se marier. Un mariage arrangé par les parents qui les fera quitter leur village et leur famille pour s’installer dans la famille de leur époux.
Un moment très difficile pour ces jeunes filles qui – d’après mon traducteur – pleurent pendant plusieurs semaines…
Avant de repartir du village, hommes et femmes m’offrent quelques moments de leur danse traditionnelle pendant laquelle les hommes font un concours de sauts.
Je suis réellement privilégiée qu’ils dansent devant moi alors que je suis seule avec mon guide. Les masaïs ne connaissent pas l’écriture, c’est donc par la danse et le chant qu’ils transmettent leurs traditions. La danse traditionnelle masaï est unique parmi les danses africaines.
Les femmes font onduler tour à tour le cou, les épaules, la poitrine et le bas du dos. Le guerrier masaï démontre sa fougue à l’intérieur d’un cercle humain où chacun vient sauter le plus haut possible.
Les chants polyphoniques des femmes de plus en plus rythmés plongent les guerriers dans un état de transe. Traditionnellement il n’y a pas d’instruments : mains, pieds et bijoux rythment la danse.
J’ai ressenti beaucoup d’admiration pour ce peuple fier et courageux qui préserve sa culture et ses traditions dans des conditions de vie incroyablement difficiles.
Je n’oublierai jamais ces rencontres dans ce petit village Masaï en Tanzanie, situé entre le parc national de Manyara et celui de Ngorongoro.
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