L’île d’Ibo, une île si étrange…
Fascinante et hors du temps, l’île d’Ibo située au nord-est du Mozambique, en plein océan indien, ressemble à un décor naturel de film tourné sur une « île-fantôme » bleue et verte, plantée de baobabs, de mangroves et de manguiers, au milieu de rues ensablées et de maisons coloniales envahies par la végétation.
Cela fait un peu « cliché », mais il est vrai que cette île ensablée et abandonnée est vraiment étrange ! Je me suis vraiment demandée comment elle pouvait encore être habitée…
Quelques mots sur l’histoire de l’île d’Ibo…
Il est nécessaire de connaître le passé de l’île pour comprendre l’histoire de la rencontre que je vous conte ci-dessous…
C’est Raoul, un guide passionnant et passionné par l’histoire et le devenir de son île qui m’a raconté l’histoire envoûtante de cette ancienne colonie portugaise. Je l’ai rencontré grâce au patron de la guesthouse Miti Miwiri où je séjournais.
Cette île a été découverte par une expédition portugaise de Vasco de Gama en 1498. Sa position stratégique en a fait une place forte de l’océan indien au temps du commerce de l’or, de l’ivoire et du trafic d’esclaves.
Ibo est ainsi devenue la 2ème ville du Mozambique au 18ème siècle. Mais, en 1904, les portugais la trouvant trop difficile d’accès, l’ont abandonnée au profit de Pemba sur le continent.
Seuls restent désormais les anciens forts, l’église, les ruines de maisons coloniales et environ 3 000 personnes qui y vivent aujourd’hui.
A l’heure de la sortie des classes, nous rencontrons tout d’abord la charmante fille de Raoul qui va nous accompagner dans les ruelles ensablées de l’île. Nous croiserons ensuite de jeunes élèves qui, comme toutes les jeunes filles de leur âge, discutent et rigolent dans la rue. Elles ont mis des fleurs de bougainvillier dans leurs cheveux et m’interpellent quand je passe. Raoul me présente, leur dit que je viens de France, les questionne sur les cours qu’elles ont suivi dans la journée à l’école et les incite à me poser des questions sur mon pays et mon voyage.
Il leur parle dans la langue nationale du Mozambique, le portugais. L’une des jeunes filles lui répond en swahili, une langue d’origine bantoue qui fait partie des 43 langues parlées par les différentes ethnies au Mozambique. Raoul lui dit qu’elle doit parler en portugais, la langue nationale enseignée à l’école. Elle refuse et lui dit qu’elle ne veut pas l’apprendre. Il la réprimande gentiment et lui explique que pour trouver un emploi intéressant et bien rémunéré, elle doit connaître la langue nationale.
Ancienne colonie portugaise, le Mozambique a connu quinze ans de guerre civile lors de sa prise d’indépendance en 1975. Le portugais était alors la langue maternelle des Blancs, la langue du pouvoir, la langue des médias et seule une minorité de Noirs le parlait comme seconde langue. Actuellement, la langue portugaise est surtout employée dans les villes.
Les arguments de Raoul ne suffisent pas à motiver la jeune fille qui ne veut plus s’exprimer et commence à bouder. Sa copine moqueuse éclate de rire, ce qui a pour effet de détendre l’atmosphère !
Nous poursuivons notre visite de cette « belle île endormie » où Raoul me fait rencontrer des pêcheurs et des producteurs d’un café indigène unique sans caféine ! De quoi rester calme et vivre au ralenti sur cet îlot de terre récemment « redécouvert» par des occidentaux qui y ont restauré quelques maisons pour les transformer en hôtels de rêve…
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