Faire un tour du monde seule à la retraite : un sacré challenge !

Faire un tour du monde seule à la retraite : un sacré challenge !

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Publié le 14 avril 2023 par Hélène Salaün

Voyager seule autour du monde à l’âge de la retraite

 Si, comme moi, vous vous êtes dit un jour « quand je serai grande, je partirai faire un tour du monde »… je peux vous dire que lorsque le moment de faire le grand saut arrive,  vous êtes assaillie de doutes, de questions et de commentaires. Surtout lorsque vous choisissez de le faire seule et à l’âge de la retraite ! 

Chacun sait à quel point il est difficile de « caser » ce type de projet dans une vie ! Impossible de réaliser ce rêve à 20 ans lorsque j’entreprenais des études, impossible les 30 années qui ont suivi durant lesquelles, comme beaucoup de femmes, je « construisais » mon avenir et menais de front l’éducation de ma fille et mon travail.

Et alors que je décidais de m’offrir un premier grand voyage pour célébrer mes 50 ans, mon corps a tiré la sonnette d’alarme et un cancer du sein s’est invité dans ma vie, m’emmenant dans un voyage en Terre inconnue peuplé d’opérations, de cures de chimiothérapie, radiothérapie et de multiples traitements…  

Mais, « impossible » ne fait pas partie de mon vocabulaire ! Ce voyage je le ferai plus tard…

Autant vous dire, que lorsque je suis arrivée à l’âge de la retraite, douze années plus tard « en relative bonne santé », c’était déjà une belle victoire personnelle ! 

La « Jubilacion » (la retraite), comme la nomment si bien les Espagnols, allait me permettre de disposer de revenus certes diminués, mais assurés, et surtout de temps ! J’appréhendais l’idée d’une vie qui allait stagner, sans projets excitants, où je ferais l’état des lieux de mes rêves inassouvis et ressasserais mes frustrations. 

Je ne savais pas ce que me réservait l’avenir et n’imaginais pas mourir sans avoir rencontré « mes voisins du monde ». Je ressentais l’urgence de réaliser mon rêve d’enfant. Partir faire le tour du monde seule à l’âge de la retraite paraissait un peu fou aux yeux de mon entourage, mais pour moi c’était une évidence absolue et un projet mûrement réfléchi !

Je ne sais pas ce que c’est de partir à l’âge de 20 ou 30 ans, mais, faire un tour du monde à la retraite, à 62 ans, c’est toute une vie que je laisse derrière moi, et toute une autre à organiser. Alors, est-ce que j’étais prête à changer de vie comme me le suggérait mon sachet de thé matinal ?

Je partage avec vous les commentaires et questions récurrentes entendus avant et pendant mon voyage autour du monde à l’âge de la retraite…

Tu pars seule ?

No husband, no family, no friends, no group ?

Only one ? Alone ?

Cette question m’est posée dans chaque pays par les locaux, mais aussi par les voyageurs que je rencontre.

Alors, oui ! Je voyage sans mari, sans famille, sans amis et je ne fais pas partie d’un groupe… Et ça étonne ! Parce que je n’ai pas l’image des jeunes backpackers que l’on rencontre habituellement en voyage au long cours…

Et, parce qu’à « mon âge », après 42 années de journées de travail bien « cadrées », avec enfant et petits-enfants adorables, avec une famille nombreuse aimante, avec de supers ami-es, pourquoi partir faire un tour du monde en solo  ?

J’ai l’impression de devoir expliquer ou justifier pourquoi je voyage seule…

Alors, je rassure. Si, si, j’ai une famille, des ami-es et je ne suis pas une « poor lonesome-girl »… J’ai choisi de voyager autour du monde seule pour avoir une totale disponibilité de mes cinq sens et vivre à 100% mes émotions. Je ne veux pas être distraite dans la découverte d’environnements dans lesquels je ne reviendrai probablement jamais et dans des rencontres fortes, mais éphémères.

Face à ce choix, les réactions sont diverses et variées. Pour ceux qui voyagent en couple ou en groupe, « c’est triste » de voyager seule, de ne rien partager, de dîner seule face à un coucher de soleil « so romantic », d’endosser seule toutes les responsabilités et les difficultés… Lorsque je vois certains de ces couples le nez dans leur téléphone durant leur dîner, je me dis qu’il vaut mieux choisir sa solitude !

Pour d’autres, c’est « super », c’est « génial », ça doit « apporter tellement de choses » de voyager seule et de réaliser ses rêves… et un constat final « Moi, j’pourrais pas… » suivi généralement de  » tu as de la chance ! » 😊 Expression qui m’agace et que je réfute… Si je fais un voyage autour du monde à la retraite, ce n’est pas parce que j’ai de la chance, mais parce que j’ai fait un choix de vie, avec les sacrifices qui vont de pair.

De nombreuses questions reflètent bien les freins et les excuses que l’on se trouve pour reporter un projet de voyage ou tout autre projet « hors norme ».

« Tu n’as pas peur ? »

A cette question, je réponds un peu par provocation… « peur de quoi ? ». Et là, immanquablement, mon interlocuteur me dit « ben, je sais pas… »

Peur de me faire voler, d’être agressée, prise en otage, victime d’un attentat ? Bien sûr que si, mais à peine plus que dans mon propre pays… Mon interlocuteur en convient. A moi, d’appliquer certaines règles de prudence durant mon voyage. Alors, je relance la question « peur de quoi ? » Et, en discutant un peu, je m’aperçois que ce dont les gens ont peur, c’est la peur du changement, la peur de perdre leurs repères, de sortir de leur zone de confort, la rupture avec leur vie bien réglée même si elle ne les satisfait pas, la peur de l’inconnu, et plus que tout la peur de la solitude…

Alors, de tout ça, non, je n’ai pas peur, même si cela n’est pas toujours facile à gérer.

« Tu ne vas pas t’ennuyer (toute seule) ? »

Comment peut-on s’ennuyer lorsque l’on découvre en permanence de nouveaux pays, de nouvelles cultures, de nouvelles cuisines ? Que l’on rencontre des personnes de tous horizons et que l’on est à l’école de la vie à chaque instant… Je suis étonnée que l’on pose cette question à quelqu’un qui voyage et pas à quelqu’un qui vit le même quotidien depuis des dizaines d’années.

Tous les voyageurs vous répondront que lorsque l’on voyage en solo, on est rarement seul.e !

Les rencontres se font facilement dès lors qu’on est soi-même « ouvert.e ». Dans un bar, un restaurant, une guesthouse, un bus… ou en s’inscrivant à des activités sportives, culturelles, des visites de la ville ou des cours de cuisine par exemple.

A ce moment-là, pas d’incompréhension quels que soient l’âge ou la nationalité ! On sait par expérience les bonheurs et les galères que chaque voyageur traverse. Les rencontres sont brèves, mais intenses et on se quitte, heureux d’avoir échangé sur la façon dont chacun conçoit son voyage et sa vie. On partage nos récits de voyage, des tranches de vie, des conseils, des bonnes adresses et on se suit à distance.

Quant aux rencontres avec la population locale, elles sont beaucoup plus simples lorsque l’on voyage seul.e. L’approche pour les locaux est nettement plus évidente et facilitée lorsqu’il n’y a pas « la barrière » d’un conjoint, d’une famille ou d’un groupe d’amis, notamment lorsque vous êtes une femme. J’en ai énormément d’exemples !

Une autre façon de ne pas rester seul.e est de s’investir dans un projet de volontariat ou de bénévolat dans une association locale. C’est ce que j’ai fait en réalisant une mission au Népal avec l’association Planète Urgence ou en Namibie et en Tanzanie au côté d’associations soutenues par Slow Food International dont je suis membre. Le hasard a aussi fait que J’ai endossé le métier de professeur de français en donnant des cours de français à un jeune moine au Laos.

« Comment tu t’organises ? »

Mon passé professionnel de cheffe de projet événementiel m’aide sans aucun doute à organiser ce projet personnel. Je sais lister les différentes étapes et les tâches inhérentes au projet, gérer un budget, un planning, les contraintes et les imprévus. Je lis, je cherche, je me renseigne… je fais une check-list détaillée pour suivre les choses que j’ai à faire avant mon départ et je m’appuie sur des blogs de voyageurs et des applications qui facilitent l’organisation de mon voyage...  

« Il faut avoir les moyens financiers ! »

Certes, c’est même le nerf de la guerre ! Alors, pour me donner les moyens de réaliser mon rêve de voyage, j’ai vendu mon appartement avant mon départ. J’ai estimé le budget mensuel nécessaire pendant mon voyage et vais prélever dans le produit de la vente chaque mois de quoi compléter ma pension de retraite pour voyager sereinement.

Et, pour payer mes premiers billets d’avion et séjours, je vais casser ma tirelire « voyage » dans laquelle je dépose chaque jour 2 € depuis l’annonce de mon cancer, pour me faire un beau cadeau, à la fin… 😊

« Il faut être en bonne santé » 

L’idée de « bonne santé » est très relative. J’ai rencontré des voyageurs porteurs de handicaps ou de problèmes de santé importants qui affichaient un sourire à toute épreuve en toutes circonstances. D’autres personnes ne s’imaginent pas en revanche voyager en raison de douleurs nettement moins invalidantes.

Pour ma part, je veux penser que mon bonheur de voyager me protège d’une éventuelle récidive de mon cancer et que rien (de mauvais) ne pourra m’arriver tant que je voyagerai. J’ai fait mienne le précepte de Voltaire « J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé » et j’ai pu vérifier à quel point cela fonctionnait ! 

« J’ai une famille… »

Moi aussi, fort heureusement ! Cet argument est souvent avancé par les femmes qui me disent qu’elles ont des enfants, petits-enfants et des parents âgés. C’est également mon cas, mais y a-t-il dans la vie un moment où l’on n’a pas de contraintes professionnelles ou familiales ?

A la question  » Comment a réagi ta famille ?  » Très bien ! Justement, parce que je n’ai plus vingt ans, que ce choix de vie a été mûrement réfléchi et préparé. Mon entourage a bien conscience que voyager me rend heureuse, et que c’est forcément bon pour ma santé. 

« C’est une fuite… Tu cours après quoi ?  » 

C’est sûr que j’ai envie de fuir la routine et la monotonie du quotidien encore plus prononcées à l’âge de la retraite 😀. Mais, je n’ai pas entrepris un tel voyage pour fuir des problèmes personnels, parce que, même loin de tout (et surtout, loin de tout…), on peut tout fuir sauf soi-même.

J’ai discuté avec de nombreux voyageurs partis après des difficultés personnelles ou professionnelles. Le voyage était alors pour eux le plus réparateur, le plus constructif et le plus inoffensif des anti-dépresseurs lorsqu’ils n’avaient pas d’attentes surdimensionnées sur leur voyage. 

Pour ma part, j’ai entrepris ce voyage par curiosité pour le monde dans lequel je vivais et pour « grandir ». Je n’imaginais pas quitter ce monde sans l’avoir connu de plus près et rencontré ses habitants… 

« Comment et où tu vas vivre à ton retour ? »  

Je ne sais pas, je verrai selon les envies du moment. Idéalement, j’aimerais alterner périodes de nomadisme et de sédentarité. Concrètement, je ne sais pas encore comment…

En attendant, je profite de chaque instant et savoure le moment présent !

J’espère avoir désamorcé quelques questions qui pourraient vous freiner dans un projet de voyage autour du monde à la retraite ! Dans un prochain article, je vous donne mes conseils et un « mode d’emploi » pour réussir vos projets de voyages…

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5 Commentaires

  1. Pascal Dubosc

    Bonjour Hélène
    Je m’identifie dans vos écrits et j’ai ce même désir de voyage solo.
    Je vais vous suivre sur votre blog

    Réponse
    • Hélène Salaün

      Merci Pascal de votre commentaire et de votre abonnement !
      Je vais publier prochainement d’autres articles avec des conseils et un « mode d’emploi » pour se lancer dans un grand voyage seul.e
      Ce serait dommage de se priver d’un tel bonheur…

      Réponse
  2. clotilde.barbier.krol@gmail.com

    Bravo Hélène. Tant sur le ton que sur la forme, j’ai apprécié la lecture de ce premier article. Il reflète mes pensées sur un tel projet.
    J’espère que tu aideras celles et ceux, tenté.e.s par l’aventure extraordinaire d’un voyage autour du monde, qui hésitent à franchir le pas.
    Je m’abonne tout de suite et continuerai à te suivre avec grand plaisir.
    A bientôt.
    Clo
    Bonne
    .

    Réponse
    • Hélène Salaün

      Merci Clotilde et n’hésite pas à t’abonner pour recevoir la newsletter et les derniers articles publiés. Je suis en train de développer toute la partie « conseils pratiques et réflexions » pour organiser un voyager autour du monde ou un premier grand voyage, quel que soit l’âge !

      Réponse
  3. WAGNER

    Bonjour Hélène,

    Quel merveilleux, superbes BLOG

    Je me suis abonnée et suivre votre tour du monde

    Je me suis permise de transmettre un message en privé.

    Continue ce partage du fil de ta vie et de ton chemin……

    K@rine

    Réponse

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