Orgosolo, le village où les murs parlent…
C’est en discutant avec la propriétaire de l’appartement que je loue à Dorgali pour quelques jours de vacances sur la côte Est de la Sardaigne, que j’ai j’appris que l’île était la patrie du « muralisme » italien. Au fil de mes voyages, je me suis progressivement prise de passion pour le street art et les différentes formes d’art urbain, je me suis donc empressée de rejoindre le village d’Orgosolo !
Le village de montagne d’Orgosolo, situé dans la région de « Barbagia di Ollolai » est le point de départ et la capitale des peintures murales. Mais, au fil du temps, cette tradition s’est répandue dans les villages voisins comme San Sperate, Villamar et Serramanna. Ce sont désormais plus de soixante-dix villages sardes qui offrent au regard des visiteurs des peintures murales, soit un total de presque mille fresques.
Le petit village d’Orgosolo, peuplé de 5 000 habitants, se situe dans les montagnes, à 25 km de Nuoro, au cœur de magnifiques paysages de moyennes montagnes, non loin du littoral.
Depuis les années 70, le village d’Orgosolo est devenu un musée en plein air, célèbre dans le monde entier pour les deux cent cinquante fresques qui ornent les maisons de son centre historique, les murs des ruelles, les façades des édifices publics et même, en pleine nature, les rochers.
On peut les découvrir en déambulant à son rythme dans le village ou en louant un audio-guide pour écouter des explications détaillées sur le contexte historique et social dans lequel chacune des peintures a été réalisée.
Je ne m’attendais pas à une telle foison de peintures murales sur les murs d’Orgosolo, et j’ai visité le village sans cette aide. Je l’ai regretté, car de nombreuses informations me manquaient pour comprendre certaines fresques.
L’itinéraire proposé (environ 1h 30 mn) par l’audio-guide part de la Piazza Caduti in Guerra, où se trouve le kiosque de location de ces aides à la visite en plusieurs langues pour 10,00 €.
Qu’est-ce que le muralisme ?
Le « Muralisme » ou bien « art des murales » est une pratique artistique et populaire de peintures murales emblématiques de la Sardaigne qui a vu le jour à la fin des années 1960 et perdure toujours sur l’île.
A l’occasion du 30ème anniversaire de la lutte partisane contre l’oppression nazi-fasciste et de la libération, des enseignants de la ville eurent l’idée de célébrer l’événement à leur manière, en collant dans le village des affiches illustrées de slogans. Leur volonté était d’impliquer les élèves dans la manifestation et d’en appeler à la mémoire collective des villageois. Le support papier étant trop éphémère, il a été décidé de poursuivre l’expérience en peignant directement sur les murs de la ville.
C’est le peintre et enseignant en arts plastiques, Francesco Del Casino, qui a réalisé, avec le collectif anarchique nommé Dioniso la plupart des œuvres. L’accueil favorable de la population a permis de pérenniser l’expérience au fil des ans. La majorité des peintures murales d’Orgosolo a une consonnance politique ou humanitaire et retrace les évènements d’actualités locaux ou internationaux. Certaines d’entre elles consacrent des personnages célèbres comme Gandhi, Che Guevara, ou Grazia Deledda (auteur sarde, prix Nobel de littérature en 1927). Dans les années 1980, Del Casino et ses compagnons ont commencé à peindre des scènes journalières de la vie du village.
Le mouvement a été fortement influencé par les oeuvres des muralistes mexicains durant la révolution des années 1930, puis par celles des brigades chiliennes durant le coup d’état au Chili, et enfin par celle des affiches de mai 68 en France.
Aujourd’hui, les peintures murales d’Orgosolo sont internationalement connues et contribuent considérablement à la culture de l’île. Ces œuvres sont protégées et entretenues, rendant difficiles les rénovations de façades.
Suivez-moi à la recherche des peintures murales d’Orgosolo !
Les peintures murales d’Orgosolo vous interpellent à chaque coin de rue, mais c’est principalement le long de la Corso Repubblica que vous en trouverez la plus forte concentration.
Les « murales » parlent de politique et de culture, de luttes populaires, de combats internationaux, de justice sociale, de vie quotidienne locale, de revendications d’indépendance de la Sardaigne ou d’illustres bandits sardes.
Les peintures murales d’Orgosolo crient très fort la forte identité d’un peuple fier et attaché à ses traditions.
On retrouve aussi des représentations de bergers et divers symboles des traditions pastorales. La première fresque que j’ai vue en entrant dans le village est d’ailleurs l’impressionnant visage d’un berger, peint sur un gros rocher.
Les peintures murales d’Orgosolo attirent les visiteurs de tous les pays, mais le village est également réputé pour son « Canto a Tenore », un Chant polyphonique typique Sarde, classé sur la liste du patrimoine culturel de l’UNESCO.
J’ai retrouvé avec plaisir dans le village d’Orgosolo la même ambiance d’expression contestataire que dans les villes de Valparaiso au Chili ou d’Athènes !
Infos pratiques
Le village d’Orgosolo se situe dans les montagnes, à 25 km de Nuoro, dans une superbe région montagneuse appelée “Barbagia di Ollolai”, non loin du littoral.
On y accède facilement en voiture : plusieurs routes venant de Nuoro (au Nord), Mamoiada à l’ouest ou Lanusei plus au sud y mènent.
En bus, le plus simple est de rejoindre Nuoro, puis de prendre le bus 509 qui vous emmène en 30 mn jusqu’à Orgosolo.
Depuis Cala Gonone, le bus permet également de rejoindre Orgosolo, en prenant le bus numéro 520 et en descendant à Nuoro. Prendre ensuite le bus 509 vers Orgosolo.
Lorsque vous aurez fini d’admirer les peintures murales d’Orgosolo, découvrez les autres richesses de la région, comme les nombreux nuraghe ( constructions de pierre en forme de cône, symboles de l’île), les sépultures préhistoriques, les « Domus » ou maisons de fées ou sorcières, les églises, les grottes et dolines (grottes souterraines et grandes cavités formées par érosion), les canyons et les forêts…
Et, n’oubliez pas qu’Orgosolo est aussi la patrie du « Canto a Tenore », un chant polyphonique typique Sarde, classé sur la liste du patrimoine culturel de l’UNESCO.
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