J’ai quitté la douceur du Kérala pour le tumulte de Delhi
Alors que pour moi Kérala a rimé avec lâcher-prise et Ayurveda, Delhi rimera avec Folie et Anarchie...
J’ai passé un jour et demi à Delhi, parce qu’il aurait été dommage de faire l’impasse sur la capitale de l’Inde alors que je me dirigeais vers Agra pour voir le Taj Mahal. J’aurais dû prévoir une journée supplémentaire pour en avoir une vision plus complète…
Deux mondes totalement opposés se partagent la ville de Delhi
Je réalise en arrivant à Delhi que la capitale est composée de deux entités bien différentes : l’ancienne et la nouvelle Delhi. D’un côté, Old delhi, le quartier populaire et historique de la ville, avec son ambiance de souk et ses ruelles étroites encombrées. C’est l’endroit le plus authentique pour s’immerger dans la culture indienne. De l’autre, New Delhi, construite autour de larges avenues bordées d’arbres et de parcs où siègent les bâtiments gouvernementaux, les ambassades, les grands hôtels et de belles demeures coloniales.
Delhi est une ville épuisante et ensorcelante ! Je pense que c’est le bruit incessant des klaxons, les bouchons invraisemblables et la nécessité de faire attention à tout à chaque instant qui m’a le plus fatiguée et énervée… 15 millions d’habitants dans une ville, évidemment ça fait du bruit et ça dégage une pollution importante. Sans compter la promiscuité dans les ruelles avec la foule, mais aussi avec les rickshaws, les vélos, les voitures qui n’avancent pas plus vite que les piétons, les ânes, les vaches, les chevaux… Mon guide me disait qu’on pouvait aussi y croiser certains jours des éléphants ou des dromadaires.
Sept sites à voir sur Old Delhi et New Delhi
Côté Old Delhi
C’est le bazar, pour être polie… ou le chaos le plus total, comme vous préférez ! C’est avant tout un improbable dédale de ruelles, de cours et de passages, un vrai labyrinthe qui grouille d’activités, de monde et d’un trafic ahurissant. Old Delhi, c’est le cœur historique de la ville, mais aussi son coeur commercial où l’on trouve de tout.
Le quartier résonne du beuglement des vaches sacrées, du bruit des klaxons de rickshaws, motos, voitures et vélos, des négociations passionnés et bruyantes entre commerçants et acheteurs. Je me suis sentie oppressée, bousculée, un peu apeurée et enivrée de bruit et d’odeurs…
Ma visite en rickshaw commence par le quartier commerçant du bazar et du marché de Chandni Chowk. Cet immense bazar qui date de 1650 est l’un des plus grands de l’Inde. Mon chauffeur de rickshaw se fraye difficilement un chemin dans ce quartier où l’on trouve de tout et où l’on ne sait vraiment plus où donner de la tête.
Chaque bloc de rues a sa spécialité. J’ai passé pas mal de temps dans le joli quartier de Dariba Kalan, célèbre pour ses marchands d’argent pour y chercher un bijou pour ma fille. On ne peut trouver son bonheur dans ce quartier qu’en étant bien accompagnée d’un guide sérieux. Les bijouteries sont très confidentielles, n’ont pas d’enseignes et sont cachées derrière de très belles portes anciennes.
L’endroit est aussi réputé pour ses restaurants et pour ses vendeurs de street food que l’on trouve à chaque coin de rue rue qui proposent des naan, samossas, momos, parathas… et bien sûr du Chai, une boisson faite à base de thé, d’épices et de lait.
Ma visite se poursuit par le quartier Khari Baoli Road où se trouve le plus grand marché aux épices d’Asie. Un vrai bonheur pour moi ! Les sacs regorgent d’épices de toutes les couleurs et de toutes les senteurs ! On y trouve aussi d’innombrables échoppes de fruits secs, où je suis allée acheter des cadeaux pour la famille de mon amie Karishma qui va me recevoir quelques jours plus tard. C’était vraiment le quartier que je voulais voir… Et, je vous assure qu’il faut le voir pour le croire !
Mon guide m’avait confiée à un chauffeur de rickshaw à l’entrée du bazar et m’attendait à la sortie. Je n’étais pas très à l’aise pour prendre des photos alors que plusieurs mains essayaient d’ouvrir mon sac dès que nous étions à l’arrêt. La visite de Old Delhi est une expérience aussi éprouvante qu’inoubliable… J’espère malgré tout que vous allez sentir les parfums et ressentir l’ambiance dans ces quelques photos !
En fin de matinée, je découvre Jama Masjid, la plus grande mosquée de l’Inde qui peut accueillir 25 000 fidèles sur son esplanade. C’est la troisième plus grande mosquée au monde après celles de La Mecque et de Médine. Il aura fallu 12 années pour bâtir la Jama Masjid (1644-1656), véritable joyau de l’empire moghol. Ce magnifique édifice en grès rouge se compose d’une immense cour entourée de galeries et dominée par deux minarets et trois immenses dômes en marbre blanc. Il est possible de monter au sommet d’un des minarets pour admirer la vue.
La mosquée est une oasis de quiétude dans la folie ambiante de la vieille ville. Il est impératif, hommes comme femmes de visiter la mosquée pieds nus et d’avoir les jambes couvertes, mais les femmes étrangères devront en plus emprunter de larges et longues tuniques bleues, comme celle que je porte sur les photos.
Pause-déjeuner dans le restaurant Nadvanya Organic Food Cafe. En fidèle adepte de la philosophie de Slow Food, je tenais absolument à aller déjeuner dans le restaurant de l’ONG Navdanya à New Delhi. Il se trouve dans un lieu très agréable consacré à toutes les différentes formes de cuisines et d’artisanats d’Inde. On mange dans ce restaurant végétarien exclusivement des produits bio et traditionnels. Nadvanya est une ONG alter mondialiste indienne, fondée en 1991 par Vandana Shiva qui a reçu le prix Nobel alternatif en 1993. Cette scientifique de haut niveau se bat contre les multinationales qui empêchent les paysans de reproduire leurs propres graines. Face à tous les agriculteurs indiens poussés à la faillite et au suicide, elle a développé en 1996, une banque de graines.
Cette association collecte, récolte et reproduit des semences anciennes pour les redistribuer aux agriculteurs désireux de se former à l’agriculture biologique. Elle incarne la résistance des petits contre les lobbies agro-chimiques des gros semenciers au niveau international et représente aussi la défense des femmes indiennes dans leur lutte pour avoir accès à l’éducation et au travail.
Côté New Delhi
- C’est le quartier des institutions officielles. Ici, pas de ruelles bondées, pas de bruit, mais un quartier aéré, chic, sécurisé, avec des routes larges et droites tracées à l’époque coloniale. L’architecture de New Delhi est un mélange de style britannique et indien. La vie s’organise autour de la grande avenue du Raj Path où se trouve le palais présidentiel qui est aussi la résidence officielle du Président de l’Inde. Construit en pierres et en briques au début du XXe siècle, sous le gouvernement britannique, le palais a des dimensions impressionnantes et possède 340 pièces, réparties sur quatre étages. Impossible de prendre des photos proches du Palais !
- C’est aussi à New Delhi que se trouve la Birla House, la dernière demeure du Mahatma Gandhi. Le qualificatif de Mahatma qui a été attribué à Gandhi signifie en hindi «Grande âme». Et, c‘est bien le sentiment que l’on ressent ici en suivant celui qui a été le guide spirituel de l’Inde, le fondateur d’une doctrine bâtie sur la non-violence, la maîtrise de soi et le respect de la vérité (la «satyagraha») et l’instigateur de la désobéissance civile de masse.
Il a passé les 144 derniers jours de sa vie dans cette maison avant d’être assassiné par un fanatique hindouiste lors de sa promenade du soir le 30 janvier 1948.
La maison qu’il occupait a été depuis aménagée en musée par le gouvernement indien et a ouvert ses portes le 15 août 1973 sous le nom de Gandhi Smriti qui signifie » Commémoration de Gandhi « . Le Musée y invite les visiteurs à partager la vie du Mahatma à travers de nombreuses photographies et de quelques affaires personnelles (sandales, paire de lunettes et canne) présentées dans la chambre qu’il occupait. Cette chambre a été conservée en l’état d’origine. Au 1er étage un parcours interactif et de nombreux supports multimedia sont proposés aux visiteurs autour de l’action et des combats de Gandhi. A la fin de sa vie, Gandhi entama une nouvelle grève de la faim pour convaincre hindous et musulmans de cesser de se combattre et de déposer les armes. Ce fut un échec. Gandhi meurt, assassiné par un extrémiste qui souhaitait la création d’un État hindou, l’Hindoustan, au lieu de l’Inde laïque et multi-confessionnelle. De sa chambre jusqu’au jardin, des empreintes marquent ses derniers pas jusqu’au lieu précis de son assassinat symbolisé par la » colonne du martyr « . Je dois avouer que j’ai été très émue et impressionnée de marcher dans les pas de Gandhi, là où il vécut et mourut, lui qui avait tant marqué ma jeunesse…
- Le tombeau de Humayun. Cet immense mausolée de grés rouge et de marbre blanc a été édifié en l’honneur de l’empereur moghol Humayun en 1569 par sa veuve Haji Bégum. Il a une signification culturelle exceptionnelle car c’est le premier exemple de tombe-jardin sur le sous-continent indien. Ce superbe édifice a inspiré d’importantes innovations architecturales qui ont vu leur apogée avec la construction du Taj Mahal. Le site comprend plusieurs tombeaux ainsi que des jardins somptueux traversés de jeux d’eau. Le meilleur moment pour y venir est tôt le matin ou en fin de journée quand la lumière y est douce. Le tombeau d’Humayun figure depuis 1993 sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco.
- Le temple sikh Gurudwara, hâvre de paix qui m’a permis de découvrir cette religion peu connue qu’est le sikhisme. Je ne connaissais des sikhs que l’aspect physique des fidèles enturbannés et barbus… Le sikhisme a été fondé par Guru Nanak au XVème siècle. C’est une religion strictement monothéiste, dont les pratiquants croient en un Dieu appelé le Guru Suprême.
Les sikhs prient dans des temples nommés gurdwara (« la porte du Guru ») et leur lieu sacré est le Darbar Sahib ou temple d’or à Amritsar au Pendjab. Les temples sikhs sont ouverts à tous, croyants ou non, mais il faut avoir une tenue décente, laisser ses chaussures dans un vestiaire à l’entrée et se couvrir la tête avant d’y pénétrer. Des gardes sikhs aux longues barbes et turbans orange, armés de leur épée traditionnelle (kirpan) refusent l’accès du sanctuaire aux personnes dont les cheveux ne sont pas couverts. On me remet donc à l’entrée un petit foulard blanc pour me couvrir la tête. C’est la 2ème fois de la journée que des religions différentes me font me couvrir… Je dois ensuite aller me purifier les pieds dans un pédiluve et me faire verser de l’eau sur les mains avant de pénétrer dans le sanctuaire.
Mon guide, de religion sikh qui a fait le choix de se couper les cheveux et la barbe pour exercer son métier, en fait de même. Nous entrons dans la salle principale du temple qui contient le trône sous un dais. Les sikhs se prosternent devant le livre sacré le Granth Sahib qui comprend les écrits des dix gourous sikhs mais également des textes hindous et musulmans. Les fidèles s’assoient sur des tapis au sol pour prier et écouter les mélodies sacrées. La musique jouée sur des harmoniums portatifs à soufflet et au tabla est envoûtante, et je serais bien restée assise là à contempler les lieux pendant des heures… Il n’est pas autorisé de prendre des photos à l’intérieur, et l’on me fait gentiment signe d’arrêter alors que j’en avais pris quelques-unes… En sortant, je suis mon guide au Langar (cantine communautaire gratuite créée pour lutter contre la séparation des castes). Des volontaires remettent aux fidèles du dal, des chapati et un halwa, une sorte de porridge solide et sucré. Ce repas commun symbolise l’unité de la communauté et l’absence théorique de la notion de castes. Dans ce pays multi-confessionnel, 2% de la population est sikh, alors que 80% pratiquent l’hindouïsme, 15 % la religion musulmane et 2,3% la religion chrétienne.
Je suis heureuse d’avoir pû apprendre à mieux connaître cette religion et espère aller un jour voir le temple d’or à Amritsar au Pendjab.
En conclusion, je suis très heureuse d’avoir visité Delhi. J’y ai appris beaucoup de choses et regrette de ne pas y avoir passé une journée supplémentaire. Le fait d’y avoir été accompagnée d’un chauffeur-guide charmant et cultivé et d’avoir pû me reposer dans un bon hôtel à New Delhi y ont sûrement été pour beaucoup dans la réussite de ces deux journées.
Prochaine étape, la ville d’Agra et la visite du célèbre Taj Mahal !
Infos pratiques
C’est l’agence &Beyond de Dehli qui s’est occupée du choix des chauffeurs et des hôtels lors de mes séjours dans le Kérala, à Delhi et à Agra.
Visite du Gandhi Smriti : le musée est ouvert de 10h à 17h tous les jours sauf le lundi. Entrée gratuite.
Visite de la Grande Mosquée Jama Masjid. La mosquée est ouverte de 7h du matin à midi et de 13h30 à 18h30. Elle est fermée aux non musulmans pendant la prière entre 12h et 14h. La dernière visite est autorisée une demi-heure avant le coucher du soleil. Entrée gratuite, mais taxe de 200 Roupies pour un appareil photo ou une caméra. Et 50 autres roupies si vous voulez monter dans le minaret. Il est impératif de s’habiller de façon décente (jambes et bras couverts), mais même avec ces précautions, les femmes non indiennes doivent porter une tunique longue. L’accès pour les touristes se fait par la porte 1.
Visite du tombeau de Humayun : il est ouvert de 6 h à 18 h tous les jours. Tarif d’entrée : 250 Roupies par personne
Visite du temple sikh Gurudwa : il est ouvert tous les jours de 4h à 21h. Entrée gratuite. Il est impératif de s’habiller de façon décente, de se couvrir la tête et se déchausser avant d’entrer.
Restaurant Navdanya Organic Food Cafe : Dilli Haat, Shop No. 18, Food Court, Aurobindo Marg opposite INA Market. Kidwal Nagar West Tel : 00 91 11 2412 1548. Ouvert tous les jours de 10h à 23h.
Jolis souvenirs … Merci pour ce partage. J’aurai aimé y passer plus de temps.
Merci Hélène.
Moi aussi, j’aurais aimé y passer un ou deux jours supplémentaires… J’ai aimé l’ambiance de Delhi et deux jours sur place n’ont pas suffit à voir et à faire tout ce que je souhaitais !