Il me faut quitter le centre de l’île de Sulawesi pour rejoindre le port d’Ampana
Après quelques jours remplis d’émotions à assister aux rites funéraires dans le pays Toraja, destination le port d’Ampana, le lieu d’embarquement pour les îles Togian, où je vais passer quelques jours.
D’après le Lonely Planet, il est difficile d’y accéder, mais encore plus difficile d’en repartir… C’est donc une destination qui se mérite, et je vais m’en apercevoir au cours de cette journée !
La route est longue, fatigante, en mauvais état et défoncée par endroits en raison des intempéries, mais je ne me lasse pas des paysages de rizières et de tongkonan, les maisons traditionnelles du pays. J’avais prévu de faire les 500 kms qui séparent Rantepao du port d’Ampana en deux jours de voiture avec un chauffeur. Je suis arrivée le premier soir à Tentena bien fatiguée après un trajet de 10 heures, riche en stress et désagréments !
Premier problème… Un barrage sur la route et un arrêt pour un contrôle de police
Ce sont plusieurs soldats tendus et armés de mitraillettes qui nous arrêtent. Ils craignent l’infiltration de terroristes dans cette région qui a déjà été le terrain d’émeutes sanglantes et de la mort de 230 personnes en 2006.
Après avoir emporté mon passeport dans une petite cahute de police, ils contrôlent mes billets d’avion d’entrée et de sortie du territoire, vérifient mes réservations d’hôtels à Tentena et au port d’Ampana et m’interrogent sur les raisons de ma présence dans le pays pendant une bonne demi-heure… Ils finissent par me laisser repartir lorsque je cède aux conseils de mon chauffeur qui m’incitait à verser un backchich depuis le début du contrôle. J’avais refusé dans un premier temps, mais quand j’ai vu que la situation n’allait pas se règler, j’ai cédé. Mon chauffeur leur a donné l’argent et j’ai récupéré mon passeport. Je n’en menais pas large et j’étais pressée de repartir !
La journée avait mal commencé et cela allait continuer…
En arrivant à Tentena le soir, mon chauffeur m’explique qu’il devra dormir dans ma chambre parce qu’il ne sait pas où dormir et qu’il n’a pas les moyens de se payer une chambre. Non mais, il rêve !!!
Il insiste lourdement et devient pénible… Je demande au propriétaire de ma guesthouse, le « Ue Datu Cottages« de me trouver un autre chauffeur pour le lendemain. Je ne voulais plus continuer le voyage avec ce chauffeur ! Je serais volontiers restée plus longtemps à Tentena dans cette guesthouse à côté des bassins de nénuphars où l’ambiance était particulièrement zen… mais je devais continuer ma route vers l’embarcadère du port d’Ampana pour les îles Togian le lendemain !
Il m’en fallait plus pour me gâcher ma soirée…
Je suis partie découvrir la jolie cité lacustre de Tentena avec ses maisons sur pilotis, et cela a eu un effet apaisant immédiat sur moi…
Le village est situé à 700 mètres d’altitude sur la rive Nord du lac Poso et est entouré de petites montagnes. J’avais prévu d’aller voir les cascades Saluopa à 12 kms de Tentena, mais je suis arrivée trop tard à Tentena. Je me suis contentée de me promener de chaque côté du vieux pont en bois sur les plages paisibles du Danau Poso, lac de 326 km2. Je me croyais presque au bord de la mer. Le bonheur !!!
Avant d’arriver à Tentena, nous avions traversé des villages où la présence d’églises me rappelait que j’étais dans une région où la population est majoritairement protestante (80 %).
A priori, je ne devrais pas être réveillée par l’appel du muezzlin à 5 h du matin, comme depuis 3 semaines, après mon séjour sur l’île de Java. La route sera à nouveau longue le lendemain pour rejoindre Ampana et après toutes mes émotions de la journée, j’espère passer une bonne nuit.
Malheureusement, mon chauffeur a continué à m’importuner… Il a dormi dans sa voiture garée devant la fenêtre de ma chambre au rez-de-chaussée et a passé la nuit à allumer ses phares, mettre la musique et klaxonner… Autant vous dire que j’ai peu dormi !
D’autant que le lendemain à 4 h 30 du matin, je suis réveillée par des chants de Gospel qui sont diffusés à fond par les hauts-parleurs de l’église comme tous les dimanches matin ! Le propriétaire de la guesthouse me confie que c’est une « petite guerre » psychologique entre musulmans et chrétiens pour marquer leur territoire. Grrhhh… Ras le bol des manifestations religieuses sonores à 5 h du matin !
Un changement de chauffeur et c’est reparti, direction le port d’Ampana !
Enfin arrivée à Ampana dans la soirée, après 7 heures de route pour faire les derniers 160 kms, je prends la direction de l’hôtel Oasis, un hôtel où se retrouvent les touristes en partance pour les îles Togian. Pas génial, mais pratique, à 10 minutes à pied de l’embarcadère. Puis, direction le port pour repérer les lieux et tenter de voir le type de bateau que je prendrai le lendemain matin pour rejoindre le chapelet d’îles Togian. Je vois deux bateaux publics en bois à quai et ne sais pas sur lequel j’embarquerai. Je croise les doigts pour que cela soit le blanc qui me semble mieux entretenu …
Le port d’Ampana est rempli de boutiques pour touristes qui vendent chapeaux et crèmes solaires pour se protéger du soleil pendant la traversée qui va durer 5h 30 heures pour accéder à Wakaï la première île. J’achète une casquette et me rend compte le lendemain à quel point c’était indispensable !
Je pars me coucher tôt en pensant : demain, pas de mosquée et pas d’église protestante à proximité..
Enfin, une nuit entière, normale ! Mais, c’était sans compter sur l’animation principale de l’hôtel, le karaoké qui se déroule dans une grande salle face à ma chambre, avec micro et hauts-parleurs. Heureusement, cela finissait à 23 h !
Je n’étais toutefois pas au bout de mes peines… Les chambres autour de la mienne étaient occupées par une douzaine d’espagnols qui ont continué le karaoké sur la terrasse une partie de la nuit. Je les ai maudits et ai espéré ne pas me retrouver dans la même guesthouse qu’eux sur l’île où j’avais choisi d’aller me reposer…
Le lendemain, cap sur les îles Togian et suite de l’histoire !
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